5Images mentales et réelles
Ne se concentrant pas seulement sur les humains et les machines, Justine Emard a réalisé In Præsentia (2021) pour rendre hommage aux animaux envoyés dans l’espace pour servir de cobaye. L’exemple de la guenon Martine l’a amené à travailler avec un singe à qui elle a soumis des images d’archives de la conquête spatiale pour filmer ses réactions. Étant fascinée par la manière dont la pensée peut interagir sur un monde virtuel et faire naître des images, Justine Emard a travaillé avec un capteur d’ondes cérébrales pour Neurosynchronia (2021). Les images mentales la passionnent depuis les années covid quand, bloqués chez nous, « le monde était dans notre tête ». Avec Hyperphantasia (2022), elle s’intéresse aux origines des images au travers d’un projet sur la Grotte Chauvet. Et pour Chim[AI]ra (2024), elle revient au jeu vidéo, au moment où émergent les premiers générateurs de 3D, alors non fiables, attirée par les erreurs de la machine.
Artiste associant différents médiums de l’image – de la photographie à la vidéo et la réalité virtuelle -, Justine Emard développe une œuvre au croisement des neurosciences, des objets, de la vie organique et de l’intelligence artificielle pour explorer les nouvelles relations qui s’instaurent entre nos existences et la technologie. Ses dispositifs prennent pour point de départ des expériences de Deep-Learning (apprentissage profond) et de dialogues entre l’humain et la machine. Elle a été artiste-professeure invitée au Fresnoy- Studio national des arts contemporains en 2021-22, puis en 2023-2024, et lauréate de la distinction « 100 femmes de culture » en France en 2023. Justine Emard a fait de nombreuses résidences, notamment celle de la Villa Albertine 2025 (USA), pour un projet en collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Cette année, elle est directrice artistique de l’exposition permanente du Pavillon de la France à l’exposition universelle d’Osaka. Les œuvres de Justine Emard ont intégré des collections nationales et internationales, et son travail a fait l’objet de nombreuses expositions dans le monde, aussi bien dans des musées – NRW Forum (Düsseldorf), National Museum of Singapore, Moscow Museum of Modern Art, Institut Itaú Cultural (São Paulo), Cinémathèque Québécoise (Montréal), Irish Museum of Modern Art (Dublin), Mori Art Museum (Tokyo), Museum of Contemporary Art Tokyo, Barbican Center (Londres), World Museum (Liverpool), Fondation Pernod Ricard (Paris), CNES – Centre national d’études spatiales (Paris), Louvre-Lens, Grand Palais Immersif (Paris) et ZKM-Centre d’Art et Medias (Karlsruhe) –, que dans des festivals : Biennale internationale d’Art Contemporain de Moscou, Triennale de Tongyong (Corée du Sud), Biennale de Karachi (Pakistan) et la Biennale de Chengdu (Chine).