3L’internet de la Confiance
Dans ce chapitre, Dominique Moulon interrogera Primavera De Filippi sur la question de l’évolution d’internet ; en effet, peut-on considérer le bitcoin et la blockchain comme le passage d’un internet de la « diffusion » à celui de la « valeur » ? Si la blockchain permet d’échanger de la valeur, de façon pair à pair sans passer par un opérateur ou par une autorité de confiance, il s’agira d’approfondir davantage cette notion de « valeur ». Par ailleurs, pourquoi les banques s’intéressent-elles de très près à la blockchain et au bitcoin ? En quoi l’industrie musicale, en pleine mutation, peut-elle se saisir des opportunités offertes par cette nouvelle technologie ? Des applications, en cours de développement, permettent entre autres l’enregistrement d’œuvres uniques et non reproductibles : le monde numérique n’est plus dès lors un environnement où les copies se diffusent mais bien un espace faisant circuler des œuvres dont le droit de propriété n’est pas altéré.
Primavera De Filippi est chercheuse au CERSA (unité mixte du CNRS et de l’Université Paris II) et chercheuse associée au Berkman Center for Internet & Society (Université de Harvard), où elle analyse les implications juridiques des architectures distribuées. Sa recherche se concentre notamment sur les enjeux juridiques soulevés par les technologies “blockchain” —telles que Bitcoin, Ethereum, etc.— et comment ces technologies peuvent être utilisées afin d’élaborer des nouveaux modes de gouvernance distribuées pour encourager la collaboration et la prise de décision participative.
Elle a effectué ses études à l’Université Bocconi de Milan, à l’université de Berkeley en Californie, et à l’Institut Universitaire Européen de Florence, où elle a obtenu son doctorat. Elle est membre du Global Agenda Council on the Future of Software & Society au Forum Economique Mondial (WEF), ainsi que la fondatrice de la Coalition Dynamique sur les technologies blockchain (COALA) au sein de du Forum International sur la Gouvernance d’Internet (IGF).
Au-delà de sa carrière académique, Primavera est experte légale au sein de Creative Commons France et coordinatrice au sein de l’Open Knowledge Foundation. Elle participe aussi depuis plusieurs années aux activités d’un collectif artistique qui produit des œuvres interactives, numériques et mécaniques, sous des licences ouvertes.