3De l’imaginaire à la réalité
Dans quelle mesure les géants du numérique sont-ils influencés par les imaginaires des fictions ou s’en emparent-ils pour mieux vendre leurs produits ? Ariel Kyrou cite quelques exemples. Il explique que le choix du terme “Androïd” vient du livre de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1966) qui a lui-même inspiré le film Blade Runner (1982) de Ridley Scott. De même, “Nexus”, l’appellation choisie pour une gamme de tablettes et smartphones de Google provient du nom des “répliquants”, toujours dans Blade Runner. Ariel Kyrou fait aussi référence à la société Neuralink d'Elon Musk et à son système appelé “lacet neural”, un terme emprunté à l’écrivain écossais Iain Banks, auteur du livre Le cycle de la culture. La plupart de ces œuvres de fiction démontrent que l’IA peut à la fois être un outil d’émancipation et de destruction de l’homme conclut Ariel Kyrou. Il insiste sur le fait qu’il faut les prendre à la fois avec humour et sérieux car la fiction est un corpus de divertissement, mais aussi de réflexion.
Journaliste, écrivain et essayiste, Ariel Kyrou utilise la science-fiction pour penser (et panser) notre aujourd’hui. Une démarche concrétisée dans ses deux derniers essais – Dans les imaginaires du futur (ActuSF, 2020, réédition en poche chez Hélios en mars 2023) et ABC Dick (ActuSF, 2021) – ainsi que dans l’anthologie de nouvelles de science-fiction qu’il a pilotée, Nos futurs solidaires (Actu SF et le Laboratoire des solidarités de la Fondation Cognacq-Jay, 2022). Coscénariste du film documentaire Les mondes de Philip K. Dick (Nova Prod, Arte, 2016), il est aussi l’auteur de L’emploi est mort, vive le travail ! (Mille et Une Nuits / Fayard, 2015) avec Bernard Stiegler. Directeur éditorial du Laboratoire des solidarités de la Fondation Cognacq-Jay, et à ce titre rédacteur en chef du site solidarum.org, il est aussi le directeur associé de la société Moderne Multimédias. Membre du collectif de rédaction de la revue Multitudes, il enseigne les cultures actuelles et les imaginaires du futur à l’Université de Versailles/Saint-Quentin en Yvelines.