2Les liens entre la ville et la campagne
Sabine Barles décrit les relations d’interdépendance entre les villes et les campagnes, expliquant l’évolution au fil de l’histoire. Entre le XVIIIe siècle et aujourd’hui, les distances d’acheminement de la nourriture et de l’énergie n’ont cessé de s’accroitre, passant de 200 km à 3 000 et 4 000 km (en moyenne). Jusqu’au XIXe siècle, la ville “rend” à la campagne sous la forme d’engrais issus de ses déchets. Mais à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le cycle est rompu avec les phosphates et la potasse qui remplacent progressivement les engrais urbains. Sabine Barles parle de « métabolisme linéaire », phénomène qui a de graves conséquences pour l’environnement. Et conclut sur l’usage militaire des engrais chimiques.
Formée à l’ingénierie civile, puis à l’urbanisme et à l’histoire des techniques, Sabine Barles est professeure d’urbanisme et aménagement à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est spécialisée dans l’étude du « métabolisme urbain » (étude des flux d’énergie et de matière dans les environnements urbains) et l'écologie territoriale. Elle travaille notamment sur l’agglomération parisienne, la gestion de ses eaux, de ses sous-produits et de ses déchets, de sa voirie et de son sous-sol. Ses travaux permettent d’interroger la constitution du régime socio-écologique dominant et la notion de transition. Elle s’est aussi intéressée au rôle de certaines professions et savoirs dans la transformation des espaces urbains depuis le XVIIIe siècle. Elle a participé à plusieurs ouvrages parmi lesquels : L’invention des déchets urbains (collectif, 2005), Que faire des déchets ménagers ? (collectif, 2012) Métabolisme et métropole, la métropole lilloise, entre mondialisation et interterritorialité (avec Marc Dumont, 2021).