5Foodporn et autres selfies
Après avoir abordé le foodporn, André Gunthert analyse la mode du selfie, une autre pratique de l’image qui a connu essor avec Internet et les réseaux sociaux. Ce phénomène est né en 2013, lorsque deux tumblrlancent le débat en dénonçant les selfiessouriants effectués dans des endroits qui ne s’y prêtent pas, comme par exemple Auschwitz, et les “funerail selfies” réalisés lors d’enterrements. « Par l’effet de d’accumulation, cela devient pornographique dans le sens d’un excès spectaculaire », note André Gunthert. De manière général, le fait de rassembler des images change leur sens car les conditions de production et d’usage de ces clichés sont alors occultées. Rappelant que le numérique favorise la production en masse d’images, il explique que cette abondance est aussi un formidable révélateur sociologique et que ces photos en disent long sur l’évolution de nos comportements et sur le monde contemporain…
André Gunthert est enseignant-chercheur, maître de conférences à l’EHESS et historien des cultures visuelles.Il a fondé la revue Etudes photographiques (1996-2017), vouée à encourager une approche scientifique du médium. Animateur du Laboratoire d’histoire visuelle contemporaine (Lhivic, 2005-2016) et du site collaboratif Culture visuelle (2009-2014), il participe au développement des études visuelles francophones.Après avoir enquêté sur les débuts de la photographie, la révolution de la photographie instantanée, l’édition illustrée et le photojournalisme, il est parmi les premiers à avoir étudié la transition numérique décrivant le partage des images et leurs usages conversationnels. Ses travaux récents sont publiés sur son carnet de recherches, L'image sociale (http://imagesociale.fr). Il est notamment l’auteur de La Fabrique des images contemporaines (avec Christian Delage et Vincent Guigueno, éd. du Cercle d’art, 2007), L’Art de la photographie, des origines à nos jours (avec Michel Poivert, Citadelles-Mazenod, 2016), L’Image partagée. La photographie numérique (Textuel, 2015).
