6Hyperproduction, disnovation…
Interrogé sur l’idée d’hyperproduction, Grégory Chatonsky explique : « Je suis un artiste qui ne se répète jamais mais qui dit toujours la même chose ». Il raconte sa fascination pour le caractère obstiné de la machine… Il fait la distinction entre la production industrielle et l’hyperproduction. Dans le premier cas, il s’agit de produire en grande quantité pour plus de rentabilité. Cela entraîne le consumérisme et a des conséquences néfastes pour la planète. De son côté, l’hyperproduction, c’est l’idée d’imaginer une autre manière de produire. Grégory Chatonsky fait référence à son projet Capture mené au Canada pour lequel il a réalisé des objets uniques, notamment via l’impression 3D, en collaboration avec le designer objet Goliath Dyèvre. Il explique ensuite ce qu’il entend par “disnovation”, projet initié au début des années 2010. Il fait une nouvelle fois référence au philosophe Jean-François Lyotard. En conclusion, il aborde la question de la fin de notre espèce.
Après des études d’arts plastiques, de philosophie à la Sorbonne et de multimédia à l’ENSBA, Grégory Chatonsky a développé un travail autour d’Internet, considérant le web comme un médium à part entière. Dès les années 1990, il questionne l’identité et les nouvelles narrations émergeant du réseau. Auteur du CD-Rom “Mémoires de la déportation”, il fonde Incident.net, un des premiers collectifs de Netart en France en 1994. En 2001, il commence une série sur la dislocation, l’esthétique des ruines et l’extinction comme phénomène artificiel et naturel. Au fil des années, il se tourne vers la capacité des machines à produire de façon quasi autonome des résultats semblables à la production humaine. Grégory Chatonsky a été professeur-invité au Fresnoy (2004-2005), à l’UQAM (2007-2014) et est récipiendaire d’une chaire internationale de recherche à l’Université de Paris VIII (2015). Depuis 2017, il est artiste-chercheur à l’ENS Ulm et dirige un séminaire de recherche sur l’imagination artificielle et l’esthétique post-digitale. En 2019-2020, il a été responsable artistique d’une formation en recherche-création au sein d’Artec. Il est également directeur artistique du Centre de Recherche Imago (ENS, ENSBA et UNIGE). Son travail artistique a été mainte fois récompensé et exposé en France, au Canada et ailleurs dans le monde.