6Censure et autocensure

De nombreux artistes de la modernité ont été des théoriciens, puis cette pratique s’est perdue, explique Catherine Millet. Elle est un peu sceptique concernant les artistes qui – aujourd’hui – théorisent dans le cadre universitaire. Car, par définition, l’artiste se pose en rupture avec le cadre et le formatage, des critères qui définissent le travail universitaire. Elle aborde ensuite l’évolution de l’enseignement dans les écoles d’art où, désormais, de nombreux artistes interviennent, permettant aux étudiants d’instaurer un dialogue avec leurs aînés. Avant les écoles, c’était dans les ateliers que les artistes se formaient, rappelle-t-elle. Interrogée sur la censure et la cancel culture, elle déplore les agissements de la société civile (associations ou individus) sur les réseaux sociaux notamment. « Cela rappelle presque ces sociétés autoritaires de l’époque soviétique où les citoyens se surveillaient les uns les autres. On est dans une phase de régression de la démocratie », conclut-elle.

Catherine Millet

Cofondatrice de la revue Art Press en 1972, Catherine Millet est critique d’art, commissaire d’exposition et écrivaine. A la tête de ce magazine bilingue couvrant toutes les disciplines – des arts plastiques à la littérature en passant par la musique, la danse, la vidéo et les arts numériques –, elle en a fait un titre de presse reconnu internationalement. Art Press, c’est aussi des numéros hors séries thématiques, une collection de livres et “Après l’école”, une biennale consacrée à la jeune création. Parallèlement à ses activités dans la presse, Catherine Millet est commissaire d’exposition, notamment pour le Pavillon français de la Biennale de Venise en 1995. Elle est l’auteure de nombreux essais dont L’art contemporain en France, Dalí et moi (2005), Le corps exposé (2011), Aimer Lawrence (2017), de catalogues d’exposition – dont César à Venise – ainsi que de récits autobiographiques : La vie sexuelle de Catherine M (2001), Jour de souffrance (2008) – pour lequel elle a reçu le prix du Roman d’amour-Prince Maurice 2009 – et Une enfance de rêve (2014).

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