1Magie et technologie

Pourquoi, selon Manuela de Barros, les techniques ont-elles un rôle marginal pour la formation de l’esprit scientifique ? Dans ce chapitre, la théoricienne nous exposera certaines des thèses de son ouvrage Magie et technologie en montrant en quoi les techniques sont une conséquence et non une cause de la formation scientifique. Pour ce faire, elle reviendra d’une part à l’époque de la Renaissance, période à laquelle l’imaginaire et l’idéologie sont fondamentalement liés à un rapport magique avec l’environnement. Puis d’autre part, elle évoquera les années 1750, époque à laquelle on assiste à un déplacement de cet imaginaire, se dirigeant davantage vers la construction d’une pensée scientifique. Avec ces exemples, il s’agira ainsi de montrer en quoi notre rapport à la technologie résulte d’un processus de choix idéologiques, politiques et économiques. Par ailleurs, comment la magie peut-elle nous manipuler, modifier la perception que nous avons des choses ? En s’appuyant sur des penseurs de la Renaissance tels que Giordano Bruno, Marsile Ficin, Jean Pic de la Mirandole mais aussi sur des penseurs contemporains tel Ioan Petru Culianu, la philosophe nous montrera comment la magie peut-elle être considérée comme une science et une technique de manipulation mentale.

Manuela De Barros

Manuela de Barros est philosophe, théoricienne des arts et maîtresse de conférences en philosophie, esthétique et théories des Arts à l’Université Paris 8, département Arts plastiques.
Essayiste, conférencière, ses travaux portent sur trois axes majeurs dont l’esthétique de l’art contemporain et des nouveaux médias ; les rapports entre les arts, les sciences et les technologies ; les modifications biologiques, anthropologiques et environnementales liées aux technosciences, notamment celles envisagées par les artistes. Les passages entre les sciences et la construction fictionnelle (en art ou en littérature) dont elles sont la source imaginaire. Mais aussi l’approche philosophique des archétypes du pouvoir et de la domination ; les mythologies contemporaines ; les technologies dans leur lien au politique et à l’économie et les stratégies de transgression et de déplacement telles qu’apportées par les théoriciennes du genre (gender) et le féminisme contemporain.