4Des réseaux sociaux à l’IA
« Nous vivons dans un espace public qui est biaisé et au service d’un business model », explique Henri Verdier. Remontant le temps, il rappelle que Facebook est né en 2005, suivi dans les années suivantes de YouTube, Dailymotion et Twitter, des “hébergeurs” qui refusent de réguler les contenus… Puis, en 2009, Google invente la publicité personnalisée grâce aux masses de données collectées via la fréquentation des utilisateurs. Henri Verdier décrit le mécanisme des algorithmes qui crée une forme d’addiction et nous plonge dans un monde artificiel avec des règles éditées par les réseaux eux-mêmes. Il fait ensuite référence à la philosophe Anne Alombert, auteure de Schizophrénie numérique (2023), ouvrage dans lequel elle revient sur des étapes majeures de l’évolution de l’humanité, citant l’avènement de l’écriture « qui a mécanisé la mémoire » – la rendant non nécessaire pour accéder à la connaissance –, puis la mécanisation du calcul, et l’IA qui marque une nouvelle étape où c’est l’expression de soi-même qui est mécanisée.
Ancien élève de l’École normale supérieure, Henri Verdier a été nommé Ambassadeur pour le Numérique en Conseil des ministres le 15 novembre 2018 après avoir été Administrateur Général des Données en 2014 et directeur interministériel du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC) en 2015. Auparavant en 2013, il avait dirigé Etalab, une mission chargée de l’ouverture des données publiques sous l’autorité du Premier ministre. Sous sa direction, Etalab a développé une nouvelle version de « data.gouv.fr », hébergeant de nombreuses données publiques en faisant le premier portail d’open data au monde à accueillir les données et les réutilisations des citoyens. Henri Verdier a aussi fondé et dirigé la société Odile Jacob Multimédia après avoir rejoint Lagardère Active comme directeur chargé de l’innovation en 2007. Il a été cofondateur – avec Jean-Michel Lasry, Pierre-Louis Lions et Olivier Guéant – de la société MFG-Labs qu’il a quittée en 2012. Membre fondateur du pôle de compétitivité Cap Digital, Henri Verdier en a exercé la vice-présidence de 2006 à 2008 avant d’en être élu président du Conseil d’administration de 2008 à janvier 2013. Il est membre du conseil scientifique de l’Institut Mines-Télécom ainsi que du comité de prospective de l’ARCEP et du comité de prospective de la CNIL.