5Solarisations et surimpressions
Nombre d’images de Valérie Belin ne se lisent pas au premier regard, l’artiste stimulant ainsi notre capacité d’interprétation face à la représentation des choses et des êtres. Ainsi, en 2012 pour Intérieurs, elle a recours à la solarisation, une technique photographique née à l’ère argentique qu’elle transpose dans le numérique. Son but ? Eliminer du “réalisme”. Le choix de restituer ce travail dans des tirages petits formats tient le spectateur à distance, en fait « un voyeur qui peut regarder mais ne peut pas entrer dans l’image ». Dans la série Brides(2012), elle utilise la surimpression alliée à la solarisation pour fusionner des mondes antagonistes : d’un côté des jeunes mariées et de l’autre des vues de devantures de rue de New York, principalement des sex-shop et fast-food. Valérie Belin oppose ainsi l’éternité du mariage au caractère éphémère et immédiat des sex-shop et des fast-food. Après avoir expliqué comment ces deux séries ont une filiation avec certaines travaux de Gerhard Richter – car elles questionnement l’identité et la réalité de ce qui est photographié –, l’artiste dévoile les coulisses de Chips(2004), images quant à elles inspirées du Pop Art.
Après avoir étudié à l’école des beaux-arts de Versailles (1983-1985), puis à l’école nationale supérieure d’art de Bourges (1985-1988), Valérie Belin obtient un DEA en philosophie de l’art (université Paris Panthéon-Sorbonne, 1989). Le medium photographique est à la fois le sujet de son œuvre et son moyen de réflexion et de création. La lumière, la matière et le « corps » des choses et des êtres constituent le terrain de ses expérimentations. Exposées dans le monde entier, ses images ont intégré de nombreuses collections publiques et privées. Lauréate du prix Pictet en 2015, elle a été nommée officier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2017.