2Idées reçues

Sans dénigrer la psychanalyse, Samah Karaki explique que les neurosciences remettent en question certains de ses postulats, précisant que notre complexité émotionnelle et psychologique ne peut uniquement trouver ses origines dans les événements de l’enfance et les liens familiaux. D’autant plus que cette vision est eurocentrée, donc assez simpliste. Quant à l’idée de la latéralisation du cerveau, elle part d’une obsession de parler de traits de caractère. Il y aurait les artistes d’un côté et les entrepreneurs de l’autre. Cet attachement à la catégorisation des gens est de la pseudo science. Samah Karaki parle des conséquences d’une telle vision : cela nous fait croire qu’on est l’un ou l’autre, or nous sommes les deux à la fois. Selon elle, ce qui est dangereux avec la sexuation des cerveaux, c’est que cela sert un discours dans lequel les femmes seraient dans la douceur et les hommes dans prise de risque, et donc les unes dévolues à être soignantes et les autres à être dirigeants. Et si la biologie démontrait l’inverse ? Depuis le 18e siècle, note Samah Karaki, la théorie de la sexuation des cerveaux valide et légitime ainsi les inégalités sociales.

Samah Karaki

Docteur en neuroscience, Samah Karaki a été research fellow à l’université Pierre et Marie Curie et a enseigné à l’institut de Psychologie de Paris Descartes. En 2014, elle fonde le Social Brain Institute dont l’objectif est de concevoir des stratégies en vue d'améliorer l'apprentissage, la culture organisationnelle et la justice sociale et environnementale en utilisant les sciences cognitives et sociales. Samah Karaki donne des conférences dans le monde entier. Elle est auteure des ouvrages Le travail en équipe : un peu de neurosciences pour les pros qui veulent collaborer autrement (éditions Dunod, 2021) et Le talent est une fiction. Déconstruire les mythes de la réussite et du mérite (éditions JC Lattès, 2023).

socialbraininstitute.org