5Sortir du cadre ou se décadrer ?
Comment engager le spectateur au sein d’un film de fiction ? Quels procédés employer ? A quels moyens les cinéastes recourent-ils ? Si de prime abord nous pourrions penser que l’immersion est accrue par la qualité de la définition des images, des films tel que le Projet Blair Witch nous prouve le contraire. Andrea Pinotti expliquera comment l’effet de présence peut être obtenu par des procédés en basse résolution. Par ailleurs, le mythe de Narcisse sera décrit afin de parler de la notion de « proto-immersif », cette dernière se définissant en tant qu’immersion originelle. A partir de cet exemple, Andrea Pinotti reviendra au domaine de la peinture en évoquant le tableau La Vierge à l’enfant (tableau de Carlo Crivelli peint vers 1480) mentionné dans l’ouvrage Le détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture de Daniel Arasse par rapport au détail de la mouche, renvoyant l’individu regardant l’œuvre à sa condition de spectateur en jouant sur le seuil entre image et réalité.
Andrea Pinotti enseigne l’Esthétique à l’Università degli Studi di Milano, et s’intéresse aux théories de l’image et aux études visuelles, à la tradition morphologique, aux théories de l’empathie, à la question de la mémoire sociale et de la mémorialisation monumentale. Membre d’institutions comme l’Italian Academy for Advanced Studies at Columbia University, le Warburg Institute à Londres, le ZfL à Berlin, le Collège International de Philosophie de Paris, actuellement (2017-18) il travaille à l’Institut d’Etudes Avancées de Paris sur un projet intitulé « Hyperimage. Simulation, immersion et le défi des environnements hyperréalistes”.
Parmi ses publications, on compte les volumes : Il corpo dello stile (1998, 2e éd. 2001); Piccola storia della lontananza (Milan 1999); Memorie del neutro (2001); Quadro e tipo (2004); Estetica della pittura (2007); Il rovescio dell’immagine (2010); Empatia (2011 : traduction française Empathie. Histoire d’une idée de Platon au posthumain, Vrin 2016). Avec Antonio Somaini il a publié le volume Cultura visuale (2016) et il a codirigé l’ouvrage collectif Teorie dell’immagine (2009) et l’anthologie de Walter Benjamin, Aura e choc (2012). En 2018 il s’est vu attribuer le prix de l’Aby-Warburg-Stiftung de Hambourg.