5La création à l’ère du numérique
Précurseurs dans l’utilisation des outils numériques, les architectes ont perçu aussi très vite les limites, notamment en terme d’échelle, note Marie-Ange Brayer. Décrivant la grotte signée Michael Hansmeyer & Benjamin Dillenburger, elleexplique qu’elle est constituée d’une quarantaine de blocs imprimés en 3D dont la complexité ornementale est grande puisqu’elle rassemble au total environ 200 millions de facettes et 22 000 couches. L’un des enjeux de l’exposition “Coder le monde” – conçue sous la direction Frédéric Migayrou –, est de comprendre comment les technologies numériques donnent une dimension performative et évolutive à la création.Marie-Ange Brayer décrit ensuitelescatalogues des trois expositions (parus aux éditions HYX) dont la conception graphique est unique pour chacun. Pour “La fabrique du vivant”, les graphistes ont repris des algorithmes de Turing afin de créer des formes en essaim de points se développant de manière aléatoire de page en page… Elle aborde ensuite les relations entre les nouvelles technologies et d’autres disciplines, comme la littérature et le spectacle vivant. En conclusion, Marie-Ange Brayer revient sur les points communs des trois expositions “Mutations Créations”. Il s’agit de « montrer cette espèce de pensée globale qui existe déjà dans le Bauhaus, de faire se rejoindre l’art, l’architecture, la dimension artisanale et industrielle… ».
Marie-Ange Brayer est conservatrice, cheffe du service Design et Prospective industrielle au musée national d’art moderne, Centre Pompidou. Docteure en histoire de l’art et de l’architecture (EHESS), elle a été pensionnaire en Histoire de l’art de l’Académie de France à Rome (1994-1996). Directrice du Frac Centreà Orléans de 1996 à 2014, elle développe une collection d’architecture expérimentale devenue une référence internationale et organise de nombreuses expositions. Avec Frédéric Migayrou, elle fonde ArchiLab en 1999, des rencontres internationales d’architecture qui se déroulent chaque année jusqu’en 2013. Au Centre Pompidou depuis 2014, elle est commissaire des expositions “Global Tools” dans le cadre de l’exposition “Un art pauvre” (2016), “Imprimer le monde/Mutations-Créations” (2017), “Ross Lovegrove. Convergence” (2017), “La Fabrique du vivant/Mutations-Créations” (2019) avec Olivier Zeitoun, ainsi que de “Design et merveilleux. De la nature de l’ornement” au MAMC+ de Saint-Etienne (2018). Elle publie de nombreux articles dans les revues et catalogues sur une approche transversale de la création, entre art, design et architecture, et donne régulièrement des conférences en France et à l’international.