2Architecture et technologies
Revenant sur la Biennale de Séville 2008 où elle a assuré une section du commissariat, Marie-Ange Brayer explique ne pas faire de différence entre l’architecture construite et celle non construite « car l’architecture est une pensée créatrice ». Les Lumières en avaient une approche conceptuelle, comme le prouve les Boullée, Ledoux et autres Piranèse qui ont interrogé la nature du dessin architectural. C’est à cette époque que ce dernier acquiert un statut, rappelle Marie-Ange Brayer, qui décrit ensuite la maquette architecturale comme un outil d’expérimentation. Elle explique que celle-ci a été successivement un instrument de communication (à la Renaissance), puis a acquis un statut d’objet esthétique (au début du XXe siècle avec les avant-gardes) et, enfin, qu’elle a débordé de son propre champ pour investir d’autres disciplines artistiques comme le théâtre, la photographie, le film… Prenant ensuite l’exemple du Centre Pompidou conçu par Piano & Rogers, Marie-Ange Brayer explique que, parfois, les utopies s’incarnent. Elle donne ensuite sa définition du terme “architecture non standard”, un concept cher à Frédéric Migayrou qui acte la transformation de l’architecture grâce aux technologies numériques.
Marie-Ange Brayer est conservatrice, cheffe du service Design et Prospective industrielle au musée national d’art moderne, Centre Pompidou. Docteure en histoire de l’art et de l’architecture (EHESS), elle a été pensionnaire en Histoire de l’art de l’Académie de France à Rome (1994-1996). Directrice du Frac Centreà Orléans de 1996 à 2014, elle développe une collection d’architecture expérimentale devenue une référence internationale et organise de nombreuses expositions. Avec Frédéric Migayrou, elle fonde ArchiLab en 1999, des rencontres internationales d’architecture qui se déroulent chaque année jusqu’en 2013. Au Centre Pompidou depuis 2014, elle est commissaire des expositions “Global Tools” dans le cadre de l’exposition “Un art pauvre” (2016), “Imprimer le monde/Mutations-Créations” (2017), “Ross Lovegrove. Convergence” (2017), “La Fabrique du vivant/Mutations-Créations” (2019) avec Olivier Zeitoun, ainsi que de “Design et merveilleux. De la nature de l’ornement” au MAMC+ de Saint-Etienne (2018). Elle publie de nombreux articles dans les revues et catalogues sur une approche transversale de la création, entre art, design et architecture, et donne régulièrement des conférences en France et à l’international.