3La question du vivant et du réel
Leurre, simulacre… de nombreuses séries de Valérie Belin misent sur la confusion amenant le spectateur à s’interroger sur ce qu’il regarde. Exemple avec Les têtes couronnées (2009) : à force de perfection, l’artiste vide ses modèles de leur substance vivante, notamment en gommant la surface de la peau au profit d’un monochrome. D’un côté elle leur enlève la vie ; de l’autre, grâce à la surimpression de la même image légèrement décalée provocant un tremblement au niveau du contour du visage, elle leur donne un semblant de mouvement, donc de vie. Autre exemple avec la série des voitures accidentées en 1998. Ces images ne sont pas seulement mortifères puisqu’elles représentent l’énergie du moment de l’accident « et par conséquent la vie ». Dernier exemple avec les Corbeilles de fruits(2007) : ces derniers ne sont pas faits pour être mangés mais destinés à la décoration. En choisissant une lumière contrastée provocant des zones d’ombre dans l’image et en « électrisant » dans le même temps les couleurs, Valérie Belin décuple leur aspect esthétique, introduisant du même coup un doute quant à leur réalité.
Après avoir étudié à l’école des beaux-arts de Versailles (1983-1985), puis à l’école nationale supérieure d’art de Bourges (1985-1988), Valérie Belin obtient un DEA en philosophie de l’art (université Paris Panthéon-Sorbonne, 1989). Le medium photographique est à la fois le sujet de son œuvre et son moyen de réflexion et de création. La lumière, la matière et le « corps » des choses et des êtres constituent le terrain de ses expérimentations. Exposées dans le monde entier, ses images ont intégré de nombreuses collections publiques et privées. Lauréate du prix Pictet en 2015, elle a été nommée officier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2017.