4En lien avec l’histoire de l’art
Grégory Chatonsky a réalisé quelque 400 œuvres en une trentaine d’années. C’est selon lui important de produire beaucoup car cela lui permet de constituer un corpus. Certaines pièces sont monumentales tandis que d’autres sont modestes, comme les carnets de notes. Car dans son travail, il y a aussi l’idée de tout garder en mémoire, comme Internet finalement. Si l’histoire de l’art est un élément récurrent de nombre de ses projets, ce n’est pas uniquement pour “faire référence à”, c’est littéralement inscrit dans son travail, explique-t-il. Sa relation à l’art est profonde : il évoque son enfance et ses visites hebdomadaires au Louvre, sa fascination pour l’Egypte, la place particulière que tient le Nouveau roman – de Alain Robbe-Grillet à la revue Tel Quel. Pour certains livres, il parle de « vraies rencontres », comme La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski ou encore La route de Cormac McCarthy. A propos du cinéma, il explique pourquoi Alfred Hitchcock tient une place à part.
Après des études d’arts plastiques, de philosophie à la Sorbonne et de multimédia à l’ENSBA, Grégory Chatonsky a développé un travail autour d’Internet, considérant le web comme un médium à part entière. Dès les années 1990, il questionne l’identité et les nouvelles narrations émergeant du réseau. Auteur du CD-Rom “Mémoires de la déportation”, il fonde Incident.net, un des premiers collectifs de Netart en France en 1994. En 2001, il commence une série sur la dislocation, l’esthétique des ruines et l’extinction comme phénomène artificiel et naturel. Au fil des années, il se tourne vers la capacité des machines à produire de façon quasi autonome des résultats semblables à la production humaine. Grégory Chatonsky a été professeur-invité au Fresnoy (2004-2005), à l’UQAM (2007-2014) et est récipiendaire d’une chaire internationale de recherche à l’Université de Paris VIII (2015). Depuis 2017, il est artiste-chercheur à l’ENS Ulm et dirige un séminaire de recherche sur l’imagination artificielle et l’esthétique post-digitale. En 2019-2020, il a été responsable artistique d’une formation en recherche-création au sein d’Artec. Il est également directeur artistique du Centre de Recherche Imago (ENS, ENSBA et UNIGE). Son travail artistique a été mainte fois récompensé et exposé en France, au Canada et ailleurs dans le monde.