2À propos de la technique

A la fois théoricien et artiste, Grégory Chatonsky distingue ces deux types de démarche. Chez lui, il n’y a pas un lien de causalité mais plutôt une relation de parallélisme car « on est tous à la fois des êtres de pensée et des êtres sensibles ». Quel rapport entretient-il avec la technique ? Il fait référence à Martin Heidegger. « Si je me saisis de techniques, c’est parce que je pense que l’art est une version alternative de la technique », explique-t-il. Ainsi, il raconte qu’en 1994, il a commencé à s’intéresser au web parce qu’il a eu l’intuition qu’Internet allait tout changer « pour le meilleur et pour le pire ». Pour lui, la technique n’est pas forcément un moyen pour faire des choses. Dans sa pratique artistique, il ne se focalise pas sur un médium ou un support en particulier… Il se considère comme un “matérialiste”. A ses yeux, le virtuel n’est pas immatériel. C’est une question de matière qui se traduit sur plusieurs supports car un disque dure et un écran sont des choses matériels.

Grégory Chatonsky

Après des études d’arts plastiques, de philosophie à la Sorbonne et de multimédia à l’ENSBA, Grégory Chatonsky a développé un travail autour d’Internet, considérant le web comme un médium à part entière. Dès les années 1990, il questionne l’identité et les nouvelles narrations  émergeant du réseau. Auteur du CD-Rom “Mémoires de la déportation”, il fonde Incident.net, un des premiers collectifs de Netart en France en 1994. En 2001, il commence une série sur la dislocation, l’esthétique des ruines et l’extinction comme phénomène artificiel et naturel. Au fil des années, il se tourne vers la capacité des machines à produire de façon quasi autonome des résultats semblables à la production humaine. Grégory Chatonsky a été professeur-invité au Fresnoy (2004-2005), à l’UQAM (2007-2014) et est récipiendaire d’une chaire internationale de recherche à l’Université de Paris VIII (2015). Depuis 2017, il est artiste-chercheur à l’ENS Ulm et dirige un séminaire de recherche sur l’imagination artificielle et l’esthétique post-digitale. En 2019-2020, il a été responsable artistique d’une formation en recherche-création au sein d’Artec. Il est également directeur artistique du Centre de Recherche Imago (ENS, ENSBA et UNIGE). Son travail artistique a été mainte fois récompensé et exposé en France, au Canada et ailleurs dans le monde.

http://chatonsky.net