3Vies d’artiste
Grégory Chatonsky déplore la prise de pouvoir des sociologues sur l’art. Selon lui, il ne faut pas se limiter à un discours critique vis-à-vis de la technique – comme c’est le cas dans l’art contemporain –, il faut proposer d’autres possibles. Il fait référence aux situationnistes qui considéraient que la critique fait partie de la domination. « Ce que j’appelle le syndrome du t-shirt Che Guevara », résume Grégory Chatonsky. Il donne l’exemple de son projet Terre Seconde présenté au Palais de Tokyo en 2019. Grégory Chatonsky explique ensuite d’où vient le fait qu’il apprécie les collaborations avec d’autres “créateurs” et pourquoi il aime travailler en duo ou en groupe. Il cite Incident.net, collectif qu’il a cofondé en 1994, sa collaboration avec le compositeur de musique Olivier Alary ou encore l’artiste Reynald Drouhin avec qui il a créé un système de réalité virtuelle en 2000 : « Ni lui ni moi n’aurions pu faire ce projet séparément ». Enfin, il décrit les bienfaits sur son travail des résidences artistiques.
Après des études d’arts plastiques, de philosophie à la Sorbonne et de multimédia à l’ENSBA, Grégory Chatonsky a développé un travail autour d’Internet, considérant le web comme un médium à part entière. Dès les années 1990, il questionne l’identité et les nouvelles narrations émergeant du réseau. Auteur du CD-Rom “Mémoires de la déportation”, il fonde Incident.net, un des premiers collectifs de Netart en France en 1994. En 2001, il commence une série sur la dislocation, l’esthétique des ruines et l’extinction comme phénomène artificiel et naturel. Au fil des années, il se tourne vers la capacité des machines à produire de façon quasi autonome des résultats semblables à la production humaine. Grégory Chatonsky a été professeur-invité au Fresnoy (2004-2005), à l’UQAM (2007-2014) et est récipiendaire d’une chaire internationale de recherche à l’Université de Paris VIII (2015). Depuis 2017, il est artiste-chercheur à l’ENS Ulm et dirige un séminaire de recherche sur l’imagination artificielle et l’esthétique post-digitale. En 2019-2020, il a été responsable artistique d’une formation en recherche-création au sein d’Artec. Il est également directeur artistique du Centre de Recherche Imago (ENS, ENSBA et UNIGE). Son travail artistique a été mainte fois récompensé et exposé en France, au Canada et ailleurs dans le monde.